Traitement des gardés à vue : Antonela Ndembet et Roponat interpelés par la société civile
La ministre de la Justice et le procureur de la République de Libreville ont récemment été interpelés sur la question du traitement à la limite de l’humiliation subi depuis de nombreuses années par les gardés à vue lors de leur passage au parquet. L’association SOS Prisonniers Gabon en appelle au respect des droits de l’homme qu’elle dit bafoués dans un lieu où ceux-ci sont censés être sacrés.
Au palais de justice de Libreville, lors de leur passage devant le juge, les personnes gardées à vue dans les différents commissariats et les locaux de la police judiciaire font l’objet d’un traitement plus que préoccupant en termes de respect des droits humains. «[Elles] sont assises au sol comme du bétail. Les unes sont au sol devant le greffe correctionnel, les autres assises par terre, à l’extérieur, en face du parking du greffe, sous un soleil et une température étouffants. Parfois, certaines sont menottées et entassées au sol comme dans une boîte de sardines dans le couloir du Parquet de la République, qui plus est sans masque et sans respect de la distanciation sociale», témoigne Lionel Ella Engonga.
Face à «ce traitement dégradant» qui tranche avec ce que ce lieu est censé représenter, le président de l’association SOS Prisonniers Gabon a interpelé dans un courrier, le 22 mars dernier, la ministre de la Justice, Garde des Sceaux et chargé des Droits de l’homme, Erlyne Antonela Ndembet Damas, et André-Patrick Roponat, le procureur de la République de Libreville. Dans ces lettres dont Gabonreview a pris connaissance, il leur rappelle que la Constitution gabonaise, en son article premier alinéa 2, dispose que «nul ne peut être humilié, maltraité ou torturé, même lorsqu’il est en état d’arrestation ou d’emprisonnement».
Or, selon Lionel Ella Engonga, «cette disposition constitutionnelle est allègrement violée au Parquet de la République». Pour lui, il s’agit d’une atteinte à la dignité, à l’honneur et à la personnalité de ces personnes mises en cause. «C’est même une atteinte à la présomption d’innocence garantie par la Constitution gabonaise», ajoute le président de l’association SOS Prisonniers Gabon qui juge par ailleurs «judicieux de réquisitionner une salle d’audience climatisée, qui ferait office de salle d’attente des procédures de déferrement, ou de disposer des chaises, des bancs au sous-sol, en face du Trésor et/ou une tente climatisée et des chaises à l’extérieur, au parking en face du greffe correctionnel».
«Au 21e siècle, on ne traite plus des êtres humains comme cela se passe actuellement au Parquet de la République gabonaise», estime-t-il.